dimanche 7 août 2011

Lady Gaga dans 20 ans,



on verra si elle est toujours là. Il faut plus qu'un combiné téléphonique sur la tête et des prestations en petite culotte pour durer dans ce métier. Le secret: un travail sans relâche et la capacité à se renouveler. C'est ce que j'essaye d'inculquer à mes enfants, par mon exemple. Du temps de Barbara, je ne prenais ainsi jamais de vacances, préférant rester au calme à Leipzig tandis que ma petite famille partait au bon air. Ou bien, quand ma femme me mettait le couteau sur la gorge, j'emmenais tout le monde en colo musicale, où j'enseignais tandis que le reste de la troupe se transformait en élèves. Mais ayant fini par constater une baisse de motivation de la part des plus grands, nous avions récemment abandonné cette habitude.

Toutefois, en bon père de famille, après les événements difficiles de cette année et la fermeture annuelle de l'internat, j'ai décidé que nous devions nous retrouver, en hommage à Barbara, et passer cet été ensemble. J'ai donc emprunté de nuit le mini-bus de l'orchestre de chambre du conservatoire, fait grimper rapidos les enfants et roulé jusqu'à ce que la route s'efface devant la mer. Au coucher du soleil, nous nous sommes engouffrés dans un vaisseau à la gueule plus haute que la porte de Munich et avons vogué en suivant la voie lactée.
C'est en arrivant de bon matin au port minuscule de notre île minuscule que les gosses ont voulu rentrer.
- Mais, y'a rien! s'est exclamé Carl-Philip-Emmanuel, tandis que Dorothea et Friedemann regardaient sans rien dire défiler les roches et les maquis. Seul Johann s'est mis à sauter sur le pont avec enthousiasme, il croyait qu'on allait trouver des piles pour sa console de jeux.

Nous nous sommes dégoté un coin sur la plage, à l'abri des pins, et avons déplié les tentes. Il n'y a pas grand monde à part nous et quelques silhouettes qui courent de temps à autre vers la mer, plongent sous la surface étincelante et reviennent vers leurs serviettes dissimulées dans les replis des talus. Ce qui n'est pas plus mal, étant donné que personne, ici, ne voit la nécessité d'enfiler un maillot de bain. Les enfants alternent les baignades et les siestes, tandis que je compose, confortablement allongé sur une natte en plastique, en fermant les yeux à cause de la lumière. Le soir, nous allons au restaurant à côté de la plage, où le fils de la maison nous sert une double ration de frites et du vin qui râpe. Demain soir, nous donnons notre premier concert. Tout le monde a l'air a peu près en phase, même Dorothea, bien que j'aie dû lui préciser que si elle comptait faire sa chorégraphie en bikini, elle pouvait aller se rhabiller. Elle a juste haussé les épaules puis a remis sa perruque blond platine et ses lunettes qui fument. Les adolescentes, c'est pas facile. Les garçons ont l'air plus arrangeants: je les regarde en train de répéter, et je me dis que mes principes d'éducation ont peut-être fini par rentrer. Les ombres s'allongent à mesure que le soir se dévoile et le patron du resto débarque avec son chien et son ouzo. Les pins frémissent doucement en imitant le bruit de la pluie et la mer frise sur le bord. On est bien.



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