dimanche 17 mai 2009

dimanche 3 mai 2009

Ach !!!

Je viens de jeter un coup d'oeil sur mon compte en banque et une soudaine envie me prend de détriper le canapé à coups de pied... Savoir que l'on est un compositeur injustement méconnu et qu'on sera davantage apprécié mort que vivant ne suffit pas toujours à apporter le réconfort au quotidien... Ceux qui estiment qu'un véritable artiste doit composer dans la douleur et la misère oublient que trop souvent il possède une famille qui ne se nourrit pas que d'eau fraîche. La mienne par exemple affectionne Saucisse Express (le pendant germanique du MacDo'). Barbara n'ayant jamais été intéressée par la cuisine, c'est une alternative essentielle à la survie de mes enfants depuis que j'ai été foutu à la porte. Je ne jette pas la pierre à ma femme, elle a toujours assumé, en plus de son travail à plein temps à la gesetzliche Krankenversicherung (l'équivalent de votre Sécurité Sociale), l'entière éducation de nos quatre enfants (à part les cours de musique et de composition, dont la charge me revient) et la totalité des tâches ménagères (sans parler de la machine à laver qui a lâché le mois dernier, trois jours avant mon départ - je soupçonne d'ailleurs une corrélation étroite entre les deux événements...).

Si nous n'avions pas eu autant de problèmes financiers, Barbara, les enfants et moi serions sans doute toujours ensemble... en attendant, avec ce qu'elle me réclame, je ne suis pas en mesure de revenir dans le positif à la banque avant 150 ans. Que peut-elle bien faire de tout l'argent que je lui donne? Il paraît que Carl-Philippe-Emmanuel a pris deux pointures en trois mois et qu'il a urgemment besoin d'une paire de baskets sous peine d'aller pieds nus au collège. Sans parler de Dorothea, qui doit changer de lunettes parce que même assise au premier rang de la classe, elle ne peut plus lire ce qui est écrit au tableau. La pauvre, il faut lui donner toutes ses chances de réussir à l'école, parce que dans la musique ce n'est pas gagné. Quant au crédit du nouveau lave-linge... Est-ce qu'en me quittant Barbara pensait vraiment résoudre ses problèmes d'intendance ménagère? Je ne suis pourtant pas celui qui salit le plus à la maison. Parfois je me dis qu'au lieu d'avoir envoyé mes enfants au conservatoire, j'aurais mieux fait de les adresser au voisin du premier qui vient de faire un an de prison pour attaque à main armée sur les vieilles dames.

Bref, l'heure est critique, et en tant que soutien de famille, je me dois de remédier à la situation. Il va donc falloir que je me trouve un travail régulièrement rémunéré, un "vrai" boulot, comme ne cessait de le répéter ma chère et tendre à chaque fois qu'elle recevait la facture de gaz (et qu'est-ce qu'elle aurait dit si elle avait vu celles du luthier, que j'interceptais prestement dans les escaliers avant de passer la porte?). Je me demande à quoi je vais bien pouvoir employer mon talent - des suggestions? (en fait je vais demander à Wilhelm.)