mardi 24 mars 2009

le matin, j'écoute France Musique,



surtout les informations de midi. A ce moment-là, je suis devant une tasse de café, à essayer de me rappeler où Wilhelm range son aspirine. Depuis que j'habite chez lui, Wilhelm me sort tous les soirs pour aller écouter des copains. C'est la vie sans souci, on fait des boeufs en buvant des bocks. Sauf ce soir, je reste à l'appart', je cavale après ma messe, j'ai du boulot.

Mes yeux errent au-dessus de la cafetière et je pense: Barbara, Barbara, Barbara... Ce mal de tête est diabolique. Malgré mes incantations, ma femme a du mal à se frayer un chemin dans mon crâne. Je la cherche surtout la nuit, quand je suis couché, mais même là c'est assez supportable parce que je suis bourré. Ce qui est plus difficile, ce sont les enfants, ils me manquent énormément...

Je m'étrangle à moitié avec ma tartine au pâté de foie en entendant le début du largo de mon 4e concerto pour piano au milieu de la partition d'un certain Hernan Lopaz, Argentin de son état. Salaud! Il m'a tranquillement pillé sur une douzaine de mesures! EN PLUS, les arrangements sont d'une nullité accablante. Cochon! Schweinehund! Je coupe le poste. De toute façon, il est temps de m'y mettre, cette messe aurait dû être finie il y a 10 jours, le choeur l'attend à Cologne. Ils ont répété jusqu'au Sanctus mais là ils ont besoin d'avoir le Benedictus en bouche, comme l'a expliqué avec beaucoup de déférence Herr Hausschafer le chef de choeur. Gentil type, mais le travail bien fait, ça prend du temps, et en ce moment j'ai des problèmes de concentration. Et puis je les connais, ils supplient mais dès qu'ils ont ce qu'ils veulent, tu peux toujours t'accrocher après pour récupérer même une cassette.

Finalement, j'ai suivi Wilhelm tout à l'heure. Nous sommes allés écouter des collègues à lui qui ont monté un trio de blues. La salle du bar était remplie. Des amies à eux nous ont rejoints, puis on a encore bu des coups. Je suis rentré assez tard, il commençait même à faire jour. Du coup j'ai balancé directement deux aspirines dans le café puis je me suis remis à ma messe. J'ai trouvé un thème magnifique, qu'une soprane habile pourrait rendre tout à fait sublime, mais j'ai dû aller vomir tout de suite après. La faute à ce que je me suis enfilé dans le gosier: va falloir changer de marque de café.




jeudi 19 mars 2009

dimanche 15 mars 2009

rions un peu...



** Un jeune homme de 25 ans décide d'apprendre à jouer d'un instrument de musique. Compte-tenu de son âge, on lui conseille de choisir un instrument simple: l'alto. Au Conservatoire, son professeur le fait donc travailler pendant un mois la corde de do à vide, à raison de deux leçons hebdomadaires. Puis il lui enseigne la corde de sol à vide durant un nouveau mois. Au terme de cette période, l'élève ne se présente plus aux leçons. Inquiet, le professeur prend de ses nouvelles:

- Ca fait trois semaines que je ne vous ai pas vu au cours: que vous arrive-t-il?
- Ouh la la! Je n'ai plus le temps pour ça: je n'arrête pas de cachetonner!


** Pourquoi en Allemagne appelle-t-on l'alto "Bratsche" ?
- C'est le bruit que ça fait quand on s'assied dessus.


** Un violoniste remarque qu'à chaque reprise de répétition, un altiste regarde systématiquement dans la poche de sa veste avant de prendre son instrument. Ce comportement qui dure depuis des années l'intrigue fort. Un jour de forte canicule, l'altiste sort de la répétition en laissant sa veste sur sa chaise. Le violoniste attend patiemment que tout le monde soit sorti de la salle puis se précipite vers le vêtement. Il en extrait un morceau de papier sur lequel est écrit: "l'alto dans la main gauche, l'archet dans la droite".


** Quelle est la différence entre une machine à laver et un altiste?
- La qualité du vibrato.



Ho Ho Ho!


vendredi 6 mars 2009

ce matin, rendez-vous avec Valandier.



Cordial mais un fond méfiant. La composition de l'orchestre le gêne. Il essaye encore de me faire changer d'avis sur la scie musicale. Ca lui rappelle Belphégor... Humpff... Ce qui est fatigant dans ce métier, c'est de se faire respecter. On a vite fait de vous prendre pour un clown.

Nous nous quittons vers 10 heures. Je marche jusqu'au Luxembourg; Paris est asphyxiant, on manque d'air, et puis trop de monde, je me cogne partout. Soudain les notes coulent dans ma tête. La jonction entre les deux thèmes secondaires, que je cherche depuis des jours, s'impose, neuve, fraîche, idéale. Je continue de marcher tout en la développant, puis m'assieds pour la noter. Finalement mon exil parisien me fait du bien.

Les oiseaux piaillent dans les arbres au-dessus de ma tête, j'écris sur leur accompagnement sonore. Une voix de vieux cornet rayé tonne soudain à 50 cm de mon oreille. Un type s'est mis dans la chaise à côté de la mienne et vient de décrocher son téléphone, sans gêne:
"Je ne crois pas que cette opportunité soit si bonne, la production a baissé au dernier trimestre. Je préconise d'attendre. On va décaler l'entrevue préliminaire à la semaine prochaine."
Je me penche: "Monsieur, pourriez-vous parler moins fort?"
Il hausse les épaules et reprend: "Vous avez le rapport devant vous?"
Je suis plutôt baraqué, lui rabattre son caquet ne prendrait que quelques secondes. A la place, je respire. Puis je me lève et vais m'installer un peu plus loin.

Il ne m'a pas fallu longtemps pour que les oiseaux me vengent. A peine cinq minutes; au moment où je lève la tête, un étourneau en profite pour larguer sa fiente grosse comme un oeuf sur le crâne nu du malpoli.

Comme dit: "à trou du cul, trou du cul et demi".



lundi 2 mars 2009

jet-lag



De retour à Paris, arrivé ce matin de Leipzig, où j'ai l'impression d'avoir tout laissé.

Je reviens à poil, un peu secoué, rien sur le dos, rien dans les mains, la tête vide, libre... Barbara a préféré rester là-bas avec les enfants, elle m'a "rendu à moi-même", selon ses propres termes. Soit... j'aurais aimé qu'elle me rende également une partie de notre compte commun. Mon atterrissage parisien me voit sans le sou (mais officiellement plein d'espoir).

"Jean-Sébastien, tu es trop gentil", m'a déclaré Wilhem; enfin, ce ne sont pas exactement les termes qu'il a employés. Wilhem, mon ami, mon roc dans la tempête, le compagnon de toujours, dont le soutien est aussi indéfectible que son appartement est noir! Je me demande quelle sorte de tanière j'aurais eu si je n'avais pas été marié tant d'années à une femme qui a une éponge greffée au bout du bras. Mais dans ce repaire de vieux bouc, par-delà les effluves de linge mal séché, je retrouve un doux parfum d'insouciance...

La nuit est en train de tomber, c'est l'heure du schnaps. Wilhem rentre seulement dans une heure. Dans son évier, il n'y a que des gros verres, si bien que je me sers tout de suite une ration de facteur. Puis je m'accoude à son balcon ridicule. A Leipzig, les balcons sont monumentaux, en pierre blanche, et les pigeons ne s'y risquent pas. 

Schweinerei! Je fais un geste pour éloigner le bestiau et mon verre valse dans l'air, avant de retomber bien vite... je me penche légèrement... sur une poussette. A peine le temps de me rencogner à l'intérieur que la mère se met à hurler. Aurais-je fini cette première journée en tuant un enfant? Pendant un long moment, je reste comme une andouille à tourner nerveusement dans le salon avant de me resservir une ration. Puis les cris s'apaisent et disparaissent, tout revient à la normale et la nuit est définitivement tombée. Plus tard, nous sortirons avec Wilhem, en attendant, je trinque avec la vitre:

Willkommen in Paris!