mercredi 15 juin 2011

guitar heroes




J'avais l'intention de vous parler d'orthographe dans ce post, mais la soirée de lundi dernier m'a fait revoir mes priorités. Je me suis rendu dans la caverne de l'International, à l'invitation de quelques chevelus de ma séance de composition pour gratteux, qui ouvraient la série de concerts du jour: ce sont de bons gars, ils s'astreignent à assister activement toutes les semaines à mon cours alors que, comme moi, ils ont manifestement des choses plus importantes qui les réclament, aussi je me suis dit que je pouvais bien faire un effort. J'ai donc descendu les marches, plongé dans l'obscurité charbonneuse et repéré le bar pendant que mes élèves finissaient de brancher leurs guitares.  Outre un pif certain pour renifler des talents prometteurs, cet endroit possède le précieux mérite de se situer à proximité de l'appartement et de proposer des happy hours étendues. Autant dire un signe de la providence... Car c'est dans des moments pareils que l'on s'interroge sur la validité de son enseignement; heureusement que je n'ai pas la vocation, ce qui m'intéresse, c'est surtout de former des musiciens qui puissent me jouer et me chanter, et aussi d'obtenir assez d'argent pour pouvoir composer tranquillement dans mon coin! Barbara m'interdisait de tenir ce genre de discours en public, mais maintenant que je suis veuf, les gens me passent tout et quand ça ne passe pas, ils m'excusent d'être fou...

Bref, après l'épreuve de mes chevelus, je suis resté pour écouter les autres groupes et c'est là que j'ai été frappé par l'éclair: deux types avec des capuches, des mini-crêtes et des jeans en lambeaux, à qui je n'aurais pas confié mon i-pod sous le pont du métro à la Chapelle, et qui grattaient leurs guitares comme des furieux. Un vrai bonheur dans les cages à miel! Ces gamins avaient tout: l'énergie, la science de la musique, l'attitude. Et aussi un clavier, dont le titulaire se servait surtout des boutons, et une batterie protégée par deux épais volets de plexiglas. Cela m'a fait réfléchir sur les dangers du rock: car nous, organistes, n'avons à craindre aucun débordement agressif de la foule, retranchés que nous sommes derrière le parapet de notre tribune, même quand on enquille les départs intempestifs pour mettre à cran le pasteur. Mais ces petits gars qui doivent tenir des scènes de centaines, voire de milliers de spectateurs, dans des endroits moins civilisés, c'est une autre affaire! Oui aux canettes de bière, mais pas sur la tronche!

Par comparaison j'ai réalisé que je ne mettais pas assez en danger et j'ai booké aujourd'hui un récital à Marly-Gomont: je vais demander au frère CRS de Brigitte de m'accompagner : avec tous les invendus de la dernière crise alimentaire agricole on n'est jamais à l'abri d'un concombre pourri dans les tuyaux, et peut-être même que je vais mettre mon jean avec un trou: on ne vit qu'une fois, punk not dead!

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